Laure, l'année de tous les remous

Natation: Laure Manaudou, l'année de tous les remous
mar 25 déc, 10h11
PARIS (Reuters) - Entre coups d'éclats et peines de coeur, Laure Manaudou n'a cessé de faire des vagues au cours d'une année mouvementée pour la sportive préférée des Français.

Aux championnats du monde de Melbourne, en mars, celle qui était encore alors l'élève de Philippe Lucas confirme tout son potentiel avec un doublé 200-400 et un fabuleux record du monde du 200 en prime.

Le monde de la natation en fait l'équivalent féminin de Michael Phelps et la France rêve déjà de la voir se couvrir d'or à Pékin.

Sa romance avec le nageur italien Luca Marin, symbolisée par le mot "love" écrit sur la paume de sa main, fait d'elle un véritable phénomène de mode dont la presse magazine se régale.

Début mai, coup de théâtre : Manaudou file à l'italienne et part s'entraîner à Turin. Pour se rapprocher de son amoureux, dit-elle, mais aussi parce que la rupture avec son mentor, Philippe Lucas, est consommée.

"Je voulais un nouveau challenge", explique-t-elle. "Je ne pars pas dans l'inconnu. Il vaut mieux partir à un an et demi des Jeux qu'à trois mois.

Amer, Philippe Lucas estime que sa protégée lui tourne le dos parce qu'elle refuse les sacrifices qu'il lui impose.

"C'est une fille qui fuit le travail alors que pour battre des records, il faut travailler, il faut s'entraîner dur", peste-t-il.

A 15 mois des Jeux de Pékin, on s'inquiète. Mis devant le fait accompli, les responsables de la natation française tentent une médiation. En vain. Manaudou s'entraînera bien en Italie, sous la houlette de Paolo Penso, même si elle reste licenciée à Canet-en-Roussillon.

DE TURIN A AMBERIEU

Puis viennent les championnats de France de Saint-Raphaël, en juin. Avec sept titres et un record de France, Manaudou rassure. On respire.

Pourtant, à l'Open de Paris, début août, une nouvelle crise se dessine. Laure Manaudou et son entraîneur italien ne se parlent pas. La nageuse boude également les médias et refuse de participer aux relais français.

Quelques jours plus tard, le club turinois de LaPresse la met à la porte en lui reprochant un manque d'assiduité à l'entraînement et une attitude désinvolte. Le club lui réclame des excuses qui ne viendront jamais et la Française se retrouve sans entraîneur ni structure, à un an des Jeux.

En septembre, elle pose ses valises chez elle, à Ambérieu-en-Bugey, dans l'Ain, où elle a décidé de s'entraîner sous la houlette de son frère, Nicolas. Il faut attendre décembre et les championnats d'Europe en petit bassin à Debrecen, en Hongrie, pour se faire une idée de l'efficacité de cette préparation familiale.

La réponse tombe, positive, sous forme d'un titre agrémenté d'un record d'Europe sur 100 m dos et d'une médaille d'or dans sa discipline de prédilection, le 400 m nage libre.

La vie de Laure Manaudou, cependant, n'est toujours pas un petit bassin tranquille.

Avant sa demi-finale du 200, Luca Marin, qu'elle vient de quitter, s'avance dans la chambre d'appel et l'invective. En finale, elle devra se contenter de la deuxième place. "J'étais tracassée", expliquera-t-elle.

Laure Manaudou, qui n'a plus 20 ans depuis le 9 octobre, a donc un nouveau compagnon, Benjamin Stasiulis, espoir de la natation française. Championne d'exception et jeune femme de son âge, elle doit former des voeux pour que l'année qui s'annonce lui offre de l'or à mettre autour de son cou et l'apaisement pour son coeur.